Festival / Du 26 au 29 avril prochain se tiendra, pour la quatrième année consécutive, le festival de la revue Livraisons. Rencontre avec son instigateur, Gwilherm Perthuis.
D'où est née cette idée de construire un festival des revues ?
Gwilherm Perthuis : Au départ, nous étions quelques revues de la région à vouloir se réunir pour s'aider et mettre en commun nos forces. La revue est peu identifiée, c'est un petit lectorat, donc on ressentait le besoin de s'entraider, et de nous mettre également en lien avec des professionnels des métiers du livre pour rendre davantage visible ce medium.
Comment distingue-t-on la revue du magazine ?
La revue se distingue du magazine qui est plus sur le traitement d'actu. La revue, elle, prend plus de recul avec une parution moins régulière. Quand le magazine est généraliste, la revue est peut-être parfois plus spécialisée. C'est donc deux rapports au temps bien différents.
Ou trouve-t-on ces revues ?
Les revues les plus importantes peuvent se retrouver en kiosque. Je pense notamment à la Revue des Deux Mondes ou à Esprit, mais la majorité est disponible en librairie ou par abonnement. Cette volonté de faire gagner en visibilité les revues, de les rendre accessibles au grand public, est bien le cœur de notre événement, tout en cherchant à casser un peu l'idée de la revue trop spécialiste.
Observez-vous ce phénomène d'un lectorat qui cherche à revenir au papier ? Séduit par l'objet et son esthétique parfois très élaborée ?
Il y a surtout un sentiment partagé des professionnels de ce domaine que le papier n'a jamais été abandonné. On nous disait, il y a une dizaine d'années, qu'il n'existerait plus de medium papier et que tout serait numérique. Alors que depuis quelques temps, on observe surtout une recrudescence des créations de revues papier. Il ne s'agit pas d'opposer les styles. Chaque medium a ses propriétés et il faut trouver un moyen de les rendre complémentaires. Effectivement, les revues ont souvent un design graphique intéressant quand le numérique peut être davantage performant dans son arborescence ou la structure du site.
La relation texte/image de la revue est ce qui est recherché par son lectorat. Je pense que le lecteur est prêt à mettre un peu plus d'argent pour posséder une revue. Entamer la lecture, l'interrompre, la reprendre plus tard, prendre le temps ... La revue nécessite un comportement de lecteur. Alors qu'avec Internet, c ‘est une lecture qui picore, plus spontanée, qui s'interromps dès que l'information recherchée est trouvée, c'est une lecture souvent en diagonale, rapide. Là encore, ce qui les distingue, c'est une relation au temps différente.
L'invité de cette édition est Marcelin Pleynet, pourquoi ce choix ?
Inviter Marcelin Pleynet nous permet de revenir sur l'aventure de la revue Tel Quel et de L'Infini. Il a, par ailleurs, une activité de critique d'art très importante, donc organiser notre soirée inaugurale au Musée des Beaux-Arts était évident pour nous. Chaque année on invite un grand témoin, quelqu'un qui a construit une œuvre qu'il a su relier au monde de la revue, tout en s'intéressant à l'évolution de ce medium.
Au-delà de cette soirée inaugurale avec Marcelin Pleynet et des lectures de la comédienne Anne Alvaro, quels sont les temps forts de cette nouvelle édition ?
Le dimanche 29 avril, au Périscope, se tiendra un temps sur les revues musicales contemporaines. Cette table ronde va mettre en avant ces différentes revues comme Delta-T, ou Audimat, qui traitent des phénomènes musicaux sous des angles différents, sociologiques, anthropologiques ou économiques. Le 28 avril, au Musée d'Art Contemporain, avec Nathalie Quintane devrait être un beau moment aussi. Nous organisons une séquence avec Arte Radio, le 28 avril. Cette plateforme numérique réunie des milliers de sons, c'est une revue en ligne très foisonnante. Et puis, toujours le 28, nous organisons un atelier avec la revue jeunesse Georges à destination d'un plus jeune public, c'est une nouveauté de cette édition.
Livraisons
En divers lieux du 26 au 29 avril