La Fête des Lumière

La Fête des Lumière

Cinéma / Pendant une semaine, Lyon va vivre au rythme du cinéma de patrimoine grâce à la première édition du festival Lumière. Un nouvel événement aux enjeux nombreux et passionnants.Christophe Chabert

On a déjà beaucoup parlé ici du festival Lumière. On ne saurait trop vous recommander de vous procurer le supplément spécial que nous lui avons consacré, et qui sera distribué pendant toute la semaine sur les nombreux sites du festival. Non seulement il est fort bien fait (quoi, on n'a plus le droit de s'envoyer des fleurs ?), mais on y parle en long, en large mais pas tellement de travers des nombreux événements incontournables qui vont s'y dérouler. Pour ceux qui voudront en savoir encore plus au jour le jour, un blog quotidien sera disponible pendant toute la durée du festival sur notre site (petit-bulletin.fr). Prenons donc, avant l'orgie goûteuse qui s'annonce, le temps de se pencher sur les enjeux de ce nouveau festival de cinéma qui s'attaque à un territoire encore inédit en la matière (du moins, en France) : le cinéma de patrimoine.

Lyon au patrimoine mondial de la cinématographie

Équation simple : d'un fait historique — le cinéma a été inventé à Lyon par les frères Lumière, l'Institut Lumière a donc tiré un festival — c'est à Lyon que les films vont renaître. En coulisses, ce fut moins évident que cela : depuis des années, la Ville voulait un grand festival de cinéma pour compléter sa vitrine culturelle (littérature avec les Assises du Roman et Quais du polar, musique avec Nuits Sonores, art et danse avec les deux Biennales...). Prévu au programme des deux candidats à la dernière élection municipale (M. Gérard Collomb et M. Dominique Perben), le festival se sera donc monté en à peine un an, sous l'égide de M. Thierry Frémaux et de l'Institut Lumière. Les caisses de la Ville de Lyon étant vides, c'est finalement le Grand Lyon qui a sorti le chéquier, à hauteur d'un million d'euro, conduisant le festival à jouer l'inter-communalité, avec des séances dans tous les cinémas de la périphérie lyonnaise. La Région a complété avec 200 000 euro supplémentaires, et une cinquantaine d'entreprises privées ont participé modestement — les petits ruisseaux faisant les grandes rivières — au budget global du festival. Impossible cependant de tenter l'aventure du festival international consacré au cinéma contemporain (Frémaux ne pouvait pas décemment entrer en concurrence avec lui-même, en tant que délégué artistique du festival de Cannes) ; l'idée du Prix Lumière, équivalent cinématographique d'un Prix Nobel de littérature, évoqué depuis des années, a donc ressurgi et la construction d'un événement autour du cinéma de patrimoine s'est imposé peu à peu. Cela tombe bien : depuis quelques années, l'idée de préservation et de redécouverte du cinéma du passé a trouvé une nouvelle actualité, grâce à des ambassadeurs de prestige (Martin Scorsese en tête) et, en France, des activistes de talent au sein de la distribution. Les évolutions techniques, avec le développement du numérique, ont permis de donner un coup d'accélérateur à la restauration des films et à leur projection. Et il y a même un public, comme en témoigne le succès de certaines reprises événement.

Populaire, vous avez dit populaire ?

Dès l'annonce du festival, on a vu fleurir sur Internet des commentaires grognons sur le mode «festival intello bobo». Un reproche amusant, qu'on pourrait faire à peu près à tous les festivals de cinéma du monde sur le principe du «il faut être snob pour s'intéresser à des choses que l'on ne connaît pas». Mais les 100 000 Lyonnais qui ont applaudi Gran Torino cette année seront aussi sans doute flattés de se voir traiter de bourgeois, tout comme ceux, plus âgés certes mais encore plus nombreux, qui ont passé leurs samedis soirs devant les westerns de Sergio Leone. Le cinéma montré au festival Lumière est donc un cinéma éminemment populaire (que ce soient les films noirs inédits présentés par Eddie Muller, les séries B de Don Siegel, ou la plupart des copies neuves ou restaurées au programme du festival), et globalement moins chiant que la deuxième heure de District 9. La vraie question sera donc celui de l'engouement qu'il suscitera ; et là, à part être devin ou spéculer à partir des premières ventes des séances spéciales (une razzia pour les deux soirées Eastwood !), il faudra tirer le bilan une fois la dernière projection effectuée. En espérant qu'en cas de succès, l'édition prochaine durera un peu plus longtemps (cinq jours pour 70 films, c'est court...) et qu'il poussera l'Institut Lumière, pour sa programmation régulière, vers encore plus de propositions différentes, à l'image de celles faites par le festival.

Lumière 2009
Jusqu'au 18 octobre.

à lire aussi

vous serez sans doute intéressé par...

Samedi 17 octobre 2009 Il n’y a pas que du bon dans ce festival Lumière. Le troisième jour de projections réservait même quelques déconvenues qui, dans un tel marathon, n’avait qu’un (...)
Vendredi 16 octobre 2009 L’expression «révisez ses classiques» fonctionne à plein sur ce festival Lumière… Quand, à 10h30 et après une nuit de sommeil pour le moins courte, on se (...)
Mercredi 14 octobre 2009 On le sait, les ouvertures de festival ne sont pas ce qu’il y a de plus trépidant pour le cinéphile. The place to be est rarement the place to see et (...)
Vendredi 2 octobre 2009 Les coulisses du festival Lumière / Avec l’ultime acte de son long dévoilement, celui des nombreux invités du festival, Lumière 2009 a enfin justifié sa dimension périurbaine : les cinéastes-cinéphiles iront présenter des films dans tous les cinémas...
Mercredi 30 septembre 2009 Difficile à croire, mais les films de Sergio Leone ne sont pas visibles sur les écrans depuis de nombreuses années. Même en DVD, la copie de Pour une poignée de (...)
Mercredi 30 septembre 2009 Au coeur du festival, le Prix Lumière sera remis à Clint Eastwood, en sa présence, lors d'une soirée à la Salle 3000 qui s'achèvera avec la projection de Sur la (...)
Mercredi 30 septembre 2009 Guide pratique du premier festival Lumière : cinq jours de cinéphilie intense à Lyon intra et extra muros, pour refaire de la ville le berceau d'un septième art à l'histoire plus vivante que jamais.
Lundi 21 septembre 2009 Cinéaste et photographe américain mythique, le grand Jerry Schatzberg sera l’invité du «village de jour» du festival Lumière pour une exposition inédite où son regard singulier s’est porté sur… Lyon ! Christophe Chabert
Lundi 14 septembre 2009 Le festival Lumière 2009 sera, le temps d’une soirée, au cœur d’une actualité qui a enflammé la cinéphilie : l’affaire Pierre Étaix. Ou comment le droit moral d’un auteur sur son œuvre se transforme en procédure judiciaire. Christophe Chabert
Vendredi 4 septembre 2009 Coulisses du festival Lumière / Le festival Lumière est en ordre de marche : la programmation est complète, la billetterie ouverte et la géographie du festival s’éclaire. En attendant la liste des invités… CC
Vendredi 28 août 2009 C’est le grand enjeu de la rentrée cinéma lyonnaise : un festival aux moyens conséquents, s’attaquant à un continent gigantesque de la cinéphilie (le cinéma de patrimoine), mêlant invités prestigieux et programmation pointue et investissant le...
Vendredi 26 juin 2009 Le futur festival Lumière 2009 a dévoilé ses grandes lignes et son principe. Mais il faudra encore attendre pour connaître le détail de sa programmation… Christophe Chabert

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X