Depuis plusieurs mois, les époux Freudenberg préparent minutieusement leur fuite pour Berlin Ouest. Le 7 mars 1989, sous la menace d'une patrouille de police, Winfried doit partir précipitamment, seul, à bord de leur ballon gonflable de fabrication artisanale. L'engin vole trop haut, trop vite et finit, après plusieurs heures, par s'écraser à l'Ouest. Winfried Freudenberg sera la dernière victime est-allemande cherchant la liberté en franchissant le Mur de Berlin, parmi plus d'une centaine...
Touchée par son histoire tragique, l'artiste lyonnaise Perrine Lacroix a créé deux pièces qui rendent hommage aux Freudenberg et prolongent son travail récent autour des thématiques de la frontière et de l'architecture. La première, Mauer, est constituée de deux cents briques disposées au sol, comme un grand mur horizontal que l'on peut décrypter comme une ombre portée et jamais atteignable. La seconde est une vidéo où l'artiste a reconstitué la toile de l'engin volant de Winfried Freudenberg, gonflée ici par le simple souffle d'un courant d'air.
Cette exposition épurée et sensible est présentée dans une nouvelle galerie lyonnaise, voisine de la galerie Roger Tator et de la vitrine d'art contemporain Bikini, dans ce quartier de la Guillotière qui attire de plus en plus d'artistes, d'architectes, de graphistes et de designers. Ouverte il y a quelques mois par Paul Raguenes (lui-même artiste), Snap représente une dizaine d'artistes contemporains post-conceptuels ou post-minimalistes. Soit des plasticiens préoccupés par des problématiques spatiales et architecturales aux propositions souvent abstraites.
Jean-Emmanuel Denave
Perrine Lacroix
Jusqu'au samedi 1er mars, à la galerie Snap