Classique / L'Orchestre de Lyon et le violoniste Renaud Capuçon jouent cette semaine l'une des symphonies les plus populaires de Beethoven, la Troisième dite Héroïque. Un héroïsme proprement musical pour une œuvre ouvrant de nouveaux chemins de composition et de sensations.
Rarement l'écart entre le contenu de sens visé par une œuvre et son rendu perceptif n'aura été aussi grand que dans la Sinfonia eroica de Beethoven. Très impressionné par l'esprit révolutionnaire du jeune Bonaparte, le compositeur allemand voulut lui dédier sa 3e Symphonie, avant de se raviser lorsque Bonaparte devient empereur. « Ce n'est donc rien qu'un homme ordinaire ! Maintenant il va fouler aux pieds tous les droits humains, il n'obéira plus qu'à son ambition ; il voudra s'élever au-dessus de tous les autres, il deviendra un tyran » se serait exclamé, dans un éclat visionnaire, Beethoven. Mais bien malin serait celui qui pourrait relier l'ode à la Révolution française à la matière musicale de la Symphonie héroïque, composée entre 1802 et 1804... Si ce n'est que cette matière est en elle-même révolutionnaire, annonçant notamment le romantisme à travers le spectre particulièrement large et varié des émotions proposées (de la marche funèbre du deuxième mouvement à l'emportement échevelé du quatrième).
Modernité
Mais cette symphonie comporte encore, d'un point de vue plus moderne, bien d'autres éléments révolutionnaires : sa durée, l'utilisation massive des bois et des cuivres, et, surtout, l'enfouissement du thème principal dans un développement quasi organique, qui ne cesse de le transformer de manière singulière, parfois sans qu'on puisse le reconnaître ; thème qui réapparaît et éclot de nouveau depuis des profondeurs insoupçonnées... Cette vitalité musicale porte et transporte l'auditeur parmi des métamorphoses purement sensorielles, devant un orchestre devenu véritable organisme vivant. Ce dernier sera dirigé à l'Auditorium par le Polonais Krzysztof Urbanski, et l'on retrouvera au violon l'artiste associé à l'Orchestre National de Lyon cette saison, Renaud Capuçon.
Bela Bartok, Concerto pour violon n°2 + Beethoven, Symphonie n°3
À l'Auditorium les 20 et 21 décembre