Classique / L'Orchestre du Gürzenich de Cologne et son directeur musical reprennent l'idée des académies du temps de Beethoven où, sans savoir à quoi s'attendre, l'auditeur découvrait des créations contemporaines. François-Xavier Roth nous dévoile les enjeux de ce projet atypique, réunissant des œuvres de Beethoven et de compositeurs contemporains.
Qu'est-ce qui vous a donné envie de réinventer une académie ?
François-Xavier Roth : Nous voulions rendre hommage à ces moments de musique du temps de Beethoven, où il y avait beaucoup d'expérimentations sur la musique contemporaine de l'époque, avec de la musique de chambre, solistique, symphonique, de piano... Notre nouvelle académie réunit, elle, des œuvres modernes d'aujourd'hui avec des œuvres modernes d'hier de Beethoven.
Qu'est-ce qui a guidé vos choix pour les auteurs contemporains ?
Ce qui m'intéresse ce sont les compositeurs qui, comme Beethoven l'a fait en son temps, réinventent l'orchestre symphonique, comme Helmut Lachenmann. Ou Francesco Filidei qui cite Beethoven et distord sa musique, et Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) qui dans Photoptosis cite la 9e Symphonie de Beethoven.
Peut-on comparer votre nouvelle académie au travail de mixage d'un DJ ?
Oui, c'est vrai que c'est un travail de montage un peu comme un set de DJ, et que c'est très lié au phénomène lui-même du concert. Je suis très attaché à l'idée que le concert doit rester un événement unique et singulier. La difficulté ici c'est que cela engage tout un orchestre symphonique qui doit se transporter d'une époque à une autre, et endosser tout de suite un nouvel habit stylistique.
Qu'est-ce que cette soirée apportera à l'écoute des œuvres ?
On pourra les entendre sous un autre regard, une autre perspective. C'est notre rôle de musiciens que de proposer une nouvelle perspective d'écoute, car une œuvre n'a jamais été composée pour entrer dans une sorte de tradition ou de musée. L'œuvre a toujours une fraîcheur et une contemporanéité qu'on doit faire renaître.
François-Xavier Roth, Beethoven au futur
À l'Auditorium le lundi 17 février