C'est une des œuvres les plus célèbres de l'Histoire du cinéma, mais c'est aussi, comme souvent, un des films les plus incompris et rejetés par le public à sa sortie. Metropolis de Fritz Lang fascine donc toujours autant plus de 80 ans après son tournage. Cette fable de science-fiction où des ouvriers travaillent dans les sous-sols d'une ville futuriste au bien-être des nantis "d'en haut", et qui trouvent dans une femme androïde un leader les conduisant à la révolte, a servi de matrice à beaucoup de cinéastes par la suite (Ridley Scott dans Blade runner notamment). Le film frappe à deux niveaux : d'abord, l'ingéniosité de ses effets spéciaux et la majesté de ses décors, preuve que le grand cinéma muet avait déjà l'ampleur spectaculaire des blockbusters contemporains. Ensuite, la complexité de son discours politico-philosophique. Écrit par la femme de Lang Thea Von Harbou, dont les sympathies nazies se manifesteront dans les années suivantes, Metropolis imagine une réconciliation utopique entre les mains des ouvriers et l'esprit des puissants autour du «cœur», terme qui relève plus d'un humanisme chrétien que d'un marxisme de combat. Grave échec à sa sortie, le film avait été remonté par ses producteurs, réduisant sa durée à un peu moins de deux heures. La version initiale de 150 minutes a été retrouvée, restaurée et fait aujourd'hui l'objet d'une reprise événement, en exclusivité pendant deux semaines au cinéma La Fourmi.
Christophe Chabert
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