Le conflit diplomatique entre la France et le Mexique met en péril de nombreuses manifestations culturelles organisées dans le cadre de l'année du Mexique en France dont l'exposition prévue au Musée de Saint-Romain-en-Gal (Isère), d'ores et déjà annulée. Nadja Pobel
Le Musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal n'accueillera pas l'exposition «Les cultures antiques de Veracruz» qui devait débuter vendredi 18 février pour se clore à la fin de l'été. Le commissariat général de l'année du Mexique en France, répondant ainsi probablement aux directives de l'État mexicain, en a informée la directrice du Musée, Hélène Lafont-Couturier, la veille de l'inauguration. Depuis plusieurs semaines, la France est en conflit diplomatique avec le Mexique qui retient prisonnière Florence Casez dont Nicolas Sarkozy réclame l'extradition. Le chef de l'État a même demandé à ce que cette année du Mexique en France soit dédiée à la ressortissante hexagonale, ce qui est inacceptable pour les dirigeants d'Outre-Atlantique. Toutefois, le communiqué officiel du commissariat de l'année du Mexique ne mentionne pas cette brouille diplomatique dans sa notification d'annulation. La conservatrice du Musée, loin de toute considération politique, est simplement abasourdie par cette annulation et remballe les larmes aux yeux ce qui devait être exposé. Arrivée il y a un an à la tête de l'établissement de Saint-Romain-en-Gal, c'était sa première exposition organisée dans ces murs et «ce type d'annulation est rarissime, précise-t-elle, mais depuis le milieu de la semaine dernière, nous sentions des frémissements en ce sens. Le commissariat avait déjà prévu d'annuler les discours officiels mais nous ne pensions pas que cela irait jusqu'à l'annulation totale de l'exposition», explique-t-elle.
Perte et fracasLa plupart des 200 objets, issus de découvertes archéologiques de la région de Véracruz, qui devaient être présentés, n'avaient jamais été montrés en Europe. Et ils avaient déjà séduit le public français. Hélène Lafont-Couturier rapporte que les plannings de réservation des ateliers pédagogiques, mis en place dans le cadre de cette exposition, étaient déjà complets : «Cet événement répondait à une réelle demande du public, cela aurait formidablement fonctionné». Si les deux millions d'euros de coût de transport et d'assurance des œuvres revient traditionnellement au pays invité, le Musée français avait à sa charge les frais pour de scénographie (travail de menuiserie, électricité, peinture des espaces d'exposition), la communication, la programmation culturelle (concerts, conférences...), les recrues supplémentaires en tant qu'agents d'accueil, etc... La conservatrice réfléchit dans l'urgence à une solution alternative afin de réutiliser la scénographie de cette exposition. Mais pour l'instant, cinq jours après l'annulation, rien n'est encore sérieusement envisagé.